
Rencontre : Sunil, le nomade au short culte
Enfant du mouvement, Sunil a grandi entre l’Angleterre et les Etats-Unis, au grès des déplacements de sa famille ou de ses études. Voyager fait partie de lui. Pourtant, il lui faudra attendre bien des années pour prendre le chemin du nomadisme. Rencontré à Chiang Mai autour d’une partie de Catan le jour de Noël 2024, retrouvé pour un pop-up coliving au Japon… Sunil m’a livré un pan de son histoire.
Force tranquille, le sourire aux lèvres et… toujours en short, Sunil s’est lancé dans le nomadisme avec beaucoup de naturel. « J’ai l’habitude de m’adapter. Déménager, côtoyer de nouvelles personnes, je maîtrise très bien. Ça me semble d’ailleurs plus naturel que de rester trop longtemps au même endroit ». Ce designer britannique à l’énergie tranquille est un nomade digital, oui, mais surtout un explorateur du quotidien. Il fait partie de ceux qui cherchent moins à voir qu’à ressentir les lieux.
Du test… à la nouvelle vie
En 2023, il cherche un nouvel emploi dans le domaine de l’UX design. Dans ces critères, il y en a un non-négligeable : pouvoir travailler à distance. Il obtient un poste qui l’autorise à quitter Londres deux mois par ans. Parfait pour expérimenter un nouveau mode de vie. En plus, en ville, les loyers ne cessent d’augmenter, les taux décollent à vitesse grand V ; vivre seul en appartement revient à marcher sur un fil au-dessus du découvert. Il est grand temps pour Sunil de prendre la poudre d’escampette direction Chiang Mai, pour un mois d’essai. « J’avais des horaires britanniques, je travaillais de 16h à minuit. Le reste de la journée, je profitais de la Thaïlande… J’ai adoré. C’est comme si je redevenais moi-même ».
La suite ? Une vie faite de détours et d’occcasions saisies au vol : un poste de community manager dans un coliving, un festival à animer en tant que MC, une invitation d’un local… Chaque destination est choisie plus par intuition que par planification. Sunil est « doué pour saisir les opportunités ». Elles dessinent sa vie, sculptent ses aventures et lui créent un chemin unique en son genre. Avec pour seule règle « wear shorts everydays » !
Ni backpacker, ni touriste, il ne voyage pas, il vit ailleur
Si on le croise souvent hilare, toujours partant pour déconner autour d’un verre, à l’aise partout, Sunil est aussi un homme qui aime le retrait. Aussi curieux que discret. Il marche beaucoup. Il part seul, goûter la cuisine locale dans des izakayas planqués ou dans des restos de quartier. Il s’installe dans un café inconnu pour observer les gestes, les habitudes, les sourires… et se faire des amis. Même quand il ne parle pas un mot de la langue locale ! Il a cette capacité rare à faire de n’importe quelle ville une maison. Le monde est son quartier.

Où que je sois, c’est ma maison, je me sens chez moi
Nomadisme, sa recette du bonheur
Ce que cette vie lui apporte ? La réponse tient en un mot : le bonheur. Pour Sunil, être nomade, c’est vivre libre d’aller où bon lui semble, de rester ou de partir selon ses envies. C’est aussi tisser des liens aux quatre coins du monde pour mieux se recroiser, au gré du hasard, dans une autre ville, sur un autre continent. « J’apprends de ces rencontres, des échanges avec ces personnes dont je partage les mêmes valeurs ».
Ce mode de vie nomade lui a aussi ouvert un espace intérieur : du temps pour travailler sur soi, pour mieux se comprendre. Ses mouvements ne sont pas des fuites, mais une reconnexion à lui-même. Dans les cafés, les coworkings et les colivings, il sociabilise. Pour autant, la solitude ne lui fait pas peur. Il la recherche, elle lui est nécessaire. « Je pars marcher seul. Je me remets en question, ce que je fais, pourquoi je le fais. J’analyse mes émotions ». Etre nomade lui permet finalement de redevenir lui-même ; de tomber les masques qu’il portait en version sédentaire.
Les galères ? Ça arrive aux nomades, comme aux autres. Sunil les transforment en expérience, en anecdote. Sa crise aiguë du dos en Thaïlande l’obligeant à être hospitalisé plusieurs jours devient (presque) un souvenir heureux. Ses amis se réunissaient pour lui rendre visite et papoter dans sa chambre, des instants qu’il baptise « hospital hangout » et qu’il raconte avec le sourire.
Le travail paie la vie. Mais ce n’est pas la vie.
Ce n’est pas toujours évident pour un digital nomade de trouver le bon équilibre entre travail et vie personnelle. Pour Sunil, aujourd’hui, la réponse est limpide : la vie passe en premier… mais le travail pait la vie ! « Je ne veux plus que le travail occupe tout mon espace mental ». Sunil aime ce qu’il fait, lance toujours de nouvelles idées (comme un e-commerce de t-shirts 100% à son image estampillé Wear shorts everydays), cherche des opportunités, se réinvente… Sans jamais s’oublier en chemin. Il sait ce qu’il aime, ce dont il a besoin (comme un logement avec cuisine pour concocter des petits plats maison dont il a le secret) et se crée une vie à son image. Il a trouvé son équilibre et n’envisage pour rien au monde de revenir en arrière.
Sunil,
c’est le mec qui débarque inconnu,
repart entouré avec ce don discret de transformer un lieu en lien.
Le nomadisme selon Sunil
Avantages & inconvénients
Si les avantages sont nombreux (bonheur, rencontres, liberté…) il y a quand même quelques désavantages. Pour Sunil, ce sont les tâches administratives imposées par ce mode de vie : la réservation des vols, des hébergements, les visas…
Destinations favorites
« Chiang Mai est l’une de mes destinations préférées et maintenant, je crois que Kotohira va aussi en faire partie ». Sunil a également adoré Vilnius om en seulement quelque jour il s’est senti accueillit. « Un endroit génial, des gens sympathiques, beaucoup de startus… ».
La vie nomade aura une fin ?
Poser ses valises un jour n’est pas dans ses plans. « J’ai toujours rêvé d’avoir ma maison. Vu les prix, en Europe, c’est impossible. A l’étranger, c’est devenu envisageable… mais finalement, j’ai changé ma réponse. Pour mon futur, je vois le nomadisme ».
Dans sa valise…
Peu à peu, les bagages s’alourdissent pour palier à tous les besoins du quotidien, à tous les lieux visités au cours de l’année et aux différents climats. Dans la valise de Sunil, il y a… des shorts (c’est une évidence), des chemises mais aussi des tenues pour pouvoir monter sur scène sur les événements qu’il anime. Des micros pour faire quelques podcasts en route ; « et des écouteurs, j’ai besoin de musique, le matin pour me réveiller, pour me concentrer, le soir pour finir ma journée ».
Une routine au quotidien ?
« Il n’y a pas de routine dans ma vie ». Se lever en musique, traiter quelques emails, un tour sur LinkedIn et quelques tâches administratives entre deux promenades pour arpenter la ville et une pause pour déguster les saveurs locales.
Première action en arrivant dans un nouvel endroit :
Chercher un lieu fréquenté par les locaux. « J‘en ai besoin pour comprendre rapidement la culture et les gens ».
Son conseil pour les futurs nomades
“Teste. Ne vends pas tout d’un coup. Prends un mois, deux. Découvre si c’est fait pour toi.”
Et surtout : “ne suis pas le courant digital nomad, fais ton propre chemin.” C’est exactement ce qu’il fait, chaque jour, l’esprit ouvert toujours prêt à rencontrer le monde.